Une eau potable de plus en plus polluée
Il n’existe plus d’eau “pure”. Nappes phréatiques, fleuves et rivières, tout est contaminé, parfois à des seuils inouïs.
Les dérivés de pesticides
En diffusant dans l’environnement après leur application, les substances actives des pesticides peuvent se dégrader en des molécules appelées « métabolites ». Aujourd’hui, seuls quelques-uns sont contrôlés, et souvent les tests de l’ARS ne correspondent pas aux pesticides utilisés (et donc susceptibles d’être trouvés) à l’échelle locale. Les seuils à ne pas dépasser sont dictés par les pressions des lobbys agro-industriels. Les substances entrent et sortent du marché mais, toujours aussi dangereuses pour l’environnement, l’écotoxicité résultante stagne. Pour certains métabolites comme le DMS (diméthylsulfamide) l’impasse technique pour traiter l’eau polluée est totale.
Aucune aide de l’État n’est prévue pour aider les communes à se sortir d’affaire alors même que les politiques agricoles et les autorisations de pesticides s’élaborent au niveau national. Partout en France, des élu.es locaux proposent de faire disparaître les pesticides à la source plutôt que d’essayer de traiter l’eau à un coût exorbitant.
La menace PFAS
Les PFAS (substances perfluorées) sont considérés comme polluants éternels parce que ce sont des molécules chimiques très difficiles à casser. On les trouve partout : dans les poêles en téflon, les prothèses médicales, les imperméabilisants de nos vêtements, les peintures, dans nos cosmétiques, les mousses anti-incendie, ou certains pesticides. Leur impact sur la santé et l’environnement est particulièrement préoccupant: perturbation endocrinienne, risque augmenté de cancer.
La France a transposé dans son droit national la directive européenne eau potable de 2020 : depuis le 1er janvier 2023, la somme des 20 PFAS réglementés ne doit pas dépasser 100 ng/L (0.1 µg/L) pour que l’eau soit conforme. Cela marque la première exigence dans la réglementation française, mais ces tolérances sont déjà trop élevées d’après la communauté scientifique, et d’autres pays ont choisi des mesures plus strictes, comme le Danemark, où le seuil est de 2ng/L pour les 4 PFAS les plus problématiques. Aux Etats-Unis et au Canada, la limite est encore plus basse.
Si des solutions de traitement existent pour les eaux potables polluées aux PFAS (charbon actif, osmose inverse ou encore résines échangeuses d’ions), elles n’ont qu’une efficacité variable en fonction des PFAS présents (il en existe des dizaines différentes) et leur coût est considérable. Face à ces coûts de traitement, les collectivités doivent envisager de lourds investissements et augmentent les factures d’eau des habitants pour les financer.
Qu’en est-il sur notre territoire ?
A partir du 1er janvier 2026, les ARS (Agences Régionales de la Santé) devront également intégrer de manière systématique les PFAS dans les contrôles sanitaires qu’elles effectuent sur l’eau distribuée. S’il y a pour l’instant relativement peu d’ industries produisant ou utilisant des PFAS dans la région, il reste les PFAS issus des pesticides !
C’est ainsi qu’à Châteaulin, des PFAS ont été retrouvés en quantité inquiétante en Septembre 2024 dans les eaux rejetées par l’usine de méthanisation Biogaz Kastellin, jusque 56 fois la valeur maximum autorisée ! Reste à attendre 2026 pour savoir si l’eau potable reflète ces mesures…